Anticiper le crime aux Etats-Unis. Des méthodes actuarielles à l’usage du Big Data

Anticiper le crime aux Etats-Unis. Des méthodes actuarielles à l’usage du Big Data, article, Vincent Guérin, in Le gouvernement des données, Etudes digitales, Garnier, n° 2, août 2017.

« Il était terriblement dangereux de laisser les pensées s’égarer quand on était dans un lieu public ou dans le champ d’un télécran. La moindre des choses pouvait vous trahir. Un tic nerveux, un inconscient regard d’anxiété, l’habitude de marmonner pour soi-même, tout ce qui pouvait suggérer que l’on était anormal, que l’on avait quelque chose à cacher. En tout cas, porter sur son visage une expression non appropriée (paraître incrédule quand une victoire était annoncée, par exemple) était en soi une offense punissable. Il y avait même en novlangue un mot pour désigner cette offense. On l’appelait facecrime[1]. »

Georges Orwell, 1984.

« Nineteen-Eighty-Four is an important book but we should not bind ourselves to the limits of the author’s imagination[2]. »

Edward Snowden, 2014.

Résumé : Ce texte a pour objectif de mettre en perspective l’histoire d’une volonté d’anticiper le crime aux États-Unis et d’éclairer l’évolution de la relation entre savoir-pouvoir et subjectivité, des méthodes actuarielles à l’usage des mégadonnées (Big Data) et des algorithmes dits prédictifs.

The purpose of this text is to put into perspective the history of a desire to anticipate crime in the United States and to shed light on the evolution of the relationship between savoir-pouvoir and subjectivity, actuarial methods that can be used by megadata (Big Data) and so-called predictive algorithms.

[1] Georges Orwell, 1984 [1949], Paris, Gallimard, 1984, p. 93.

[2] Alan Rusbridger et Ewen McAskill, « Edward Snowden interview – the edited transcript. The whistleblower speaks to Alan Rusbridger and Ewen MacAskill about life in Russia, the NSA culture, his time there and the future of communication », The Guardian, 18 juillet 2014, n. p.