Infléchir le futur ? Le transhumanisme comme auto-transcendance

 

Infléchir le futur ? Le transhumanisme comme auto-transcendance, article, Vincent Guérin, International Psychology, Practice and Research, n° 6, décembre 2015.

Introduction

« The best way to predict the future is to create it yourself »

17eloi de Peter H. Diamandis

Le transhumanisme est une nébuleuse de courants de pensée d’origine anglo-saxonne (extropiens, singularitariens, hédonistes, immortalistes, etc.) qui prône l’affranchissement deslimites physiques et cognitives humaines par les technosciences, une prise en main del’évolution naturelle jugée imparfaite (More & Vita-More, 2013 ; Boström, 2005). Si le terme de transhumanisme apparaît pour la première fois sous la plume du biologiste darwinien Julian Sorell Huxley (le frère d’Aldous) en 1927 (Huxley, 1927), c’est dans les années 1980 qu’il prend son sens contemporain de la rencontre de Fereidoun M. Esfandiary (1930-2000) dit FM-2030, Nancie Clark dite Natasha Vita-More et Max O’Connor dit Max More. Longtemps diffuse, cette nébuleuse s’incarne en 1998 avec le World Transhumanist Association, une organisation créée par les philosophes David Pearce et Nick Boström qui a pour objet non seulement de donner corps au transhumanisme, mais aussi de donner du crédit à ses idées afin de générer des recherches académiques (Boström, 2005). Depuis, la visibilité des idées transhumanistes s’est accrue avec la publication de The Singularity Is Near. When Humans Transcend Biology de Ray Kurzweil (Kurzweil, 2005), celle de Nick Bostrom sur la Superintelligence, Paths, Dangers, Strategies (Boström, 2014) et dernièrement la candidature de Zoltan Istvan à la présidence des États-Unis. Dans cet article, nous allons nous intéresser à la « communauté » des « singularitariens » de la Silicon Valley (Grossman, 2011). Deux de ses figures, Ray Kurzweil et Peter H. Diamandis ont créé, en 2008, l’université de la singularité. Son ambition : préparer l’humanité auchangement induit par une accélération technologique à venir annoncée comme foudroyante. Cette entreprise qui prépare l’avenir tout en favorisant leurs ambitions. Au final, il s’agit d’explorer le tissage des forces en présence, mais aussi la réthorique utilisée par les « ingénieurs » singularitariens pour stimuler, orienter des recherches « stratégiques » devant favoriser leurs desseins. Sont-ils en mesure d’infléchir le futur, le faire advenir ?

Plan

La singularité technologique : enfer ou âge messianique ?

L’Université de la singularité

La possibilité de l’abondance

 en savoir plus

En complément : 

« Le vol du futur : la singularité technologique en question », site Intelligence artificielle et transhumanisme, 25 avril. 2018.

« La superintelligence artificielle et l’éthique des machines : un cocktail autocatalyseur ? »,in Marianne Celka et Fabio La Rocca (dir.), Transmutations, Esprit Critique, Revue internationale de sociologie et sciences sociales, vol. 24, n° 1,  2016, p. 43-57.

« Catastrophe globale et transhumanisme. Les transhumanistes ne sont pas tous techno-optimistes », site Intelligence artificielle et transhumanisme, 11 novembre 2016.

« Les spécialistes sont-ils inquiets du risque existentiel lié à l’intelligence artificielle ? », site Intelligence artificielle et transhumanisme, 9 octobre 2016.