La cage de verre : le coût de l’automatisation

La cage de verre : le coût de l’automatisation, recension, Vincent Guérin IAtranshumanisme.com, 5 mars 2017

 

« We don’t know when to say enough or even hold on a second »

Nicholas Carr

 

L’île Igloulik, au Nord du Canada, est un territoire hostile où règne parfois des températures inférieures à – 20 oC. Pourtant, depuis au moins 4000 ans les Inuits y chassent le caribou. Depuis que leurs pratiques sont documentées, ils fascinent par leur capacité d’orientation, leur connaissance des vents, du comportement animal, de la texture de la neige, etc.

Au début des années 2000, ces mêmes chasseurs ont commencé à utiliser le GPS. Alors que par le passé il fallait un long apprentissage auprès des anciens pour développer le sens de l’orientation dans un environnement hostile, ce dispositif qui rend les techniques traditionnelles obsolètes n’en nécessite quasiment plus. Seulement, la confiance aveugle dans ce système et l’effet tunnel induit provoqua bientôt des accidents durant la chasse engendrant blessures et décès.

Dans The glass cage (non traduit en français) Nicholas Carr souhaite éclairer comment notre dépendance grandissante aux ordinateurs, aux applications et à la robotique façonnent notre travail, nos talents et nos vies. En cela, il ouvre une fenêtre sur le coût humain de l’automatisation [1].

Très discuté dans le monde anglo-saxon, Nicholas Carr est l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles dans des journaux aussi prestigieux que Harvard Business Review, MIT Sloan Management Review, The Atlantic, etc [2]. Son blog Rough type explore des sujets aussi divers que l’économie, la culture et bien sûr la technologie [3].

The glass cage est construit autour de l’idée que nous surestimons les bénéfices de l’automatisation. En transférant à la machine une part des expériences qui nous permettent de nous accomplir, l’automatisation affecte nos actions, détériore nos compétences, notre santé. En touchant à la substance même de nos vies, le choix de l’automatisation n’est pas simplement économique, il est aussi éthique. Lire la suite

[1] Nicholas Carr, The glass cage. Where automation is taking us, London, The Bodley Head, 2015 puis The glass cage. Who needs humans anyway? London, Vintage, 2016.

[2] En Français on peut lire Internet rend-il bête ? (trad. Marie-France Desjeux), Paris, Laffont, 2011 [The Shallows: What the internet is doing to our brains ?, NY, Norton, 2010.

[3] Site : http://www.roughtype.com/